Il n’y a
rom à voir
Peine tristement
ordinaire. Hier mardi 1O juin 2014, le camp de Roms de Sanofi(1),
l’un des sept que compte la ville de Montpellier a commencé à
être démantelé. Sur place, les policiers n’ont trouvé que des
abris vidés de leurs habitants mais remplis de souvenirs
abandonnés.
Quelques jours avant le démantèlement, nous avons rencontré la trentaine de familles qui vivait sur le terrain de Celleneuve depuis près de trois ans. Elles nous avaient confié leur intention de partir avant la date prévue. Une décision teintée de résiliation et de sagesse : « On n’a aucune chance face aux policiers, on ne peut pas gagner. Il faut partir avant, sinon ils vont tout casser », racontait Rusa arrivée de Roumanie en 2006 et qui a déjà vécu cinq démantèlements.
Quelques jours avant le démantèlement, nous avons rencontré la trentaine de familles qui vivait sur le terrain de Celleneuve depuis près de trois ans. Elles nous avaient confié leur intention de partir avant la date prévue. Une décision teintée de résiliation et de sagesse : « On n’a aucune chance face aux policiers, on ne peut pas gagner. Il faut partir avant, sinon ils vont tout casser », racontait Rusa arrivée de Roumanie en 2006 et qui a déjà vécu cinq démantèlements.
« Malheureusement, on ne pourra rien prendre avec nous »
Il est 17h, veille de
week-end. Dans quelques jours, la communauté sera chassée, il faut
donc faire vite. Dans ce petit village, beaucoup de choses devront
être laissées sur place : « On voulait amener
les caravanes, mais il y en a qui ne peuvent pas être tirées»,
s’attriste Christine.
Rusa elle, n’a de
toutes façons pas la chance d’en avoir. Avec son mari et ses deux
enfants, elle vit dans un abri fait de bois et de tôle. A
l’intérieur, la petite famille avait emménagé son nid, chauffé
grâce à un poêle à bois et quelques tapis cloués aux murs.
Petites statuettes et fleurs en plastique, Rusa et les siens avaient
comme chacun des habitants, mis dans leur maison une part de leur
histoire. « Malheureusement on ne pourra rien prendre avec
nous, sauf si quelqu’un est d’accord pour me transporter quelques
affaires dans sa caravane », espère la mère de famille
qui fait la manche pour vivre mais qui, comme son mari, espère
pouvoir travailler maintenant que la loi le leur permet.
Malgré la nouvelle
législation en vigueur depuis le 1er janvier dernier, la situation
des Roms n’a pas véritablement changé comme le regrette une
bénévole du Mouvement contre le Racisme et pour l’amitié entre
les peuples (Mrap) de Montpellier : « La plupart se
sont inscrits à Pôle-emploi et ont déposé des dizaines de cv,
mais à l’heure actuelle à peine 1% des personnes en âge de
travailler ont trouvé un emploi, et ceux malgré le long soutien des
nombreux bénévoles du Mrap et d’autres associations. Il s’agit
en plus d’emplois précaires car saisonniers. Même ceux qui ont le
permis de conduire, qui savent lire, écrire et qui ont de
l’expérience, ne trouvent rien. Sans même noter sur leur cv
qu’ils sont Roms, leur accent ou leurs signes distinctifs comme les
dents en or, font qu’ils sont vite écartés. »
Insistances policières
Cette décision de lever
le camp, la petite communauté de Sanofi l’a aussi prise, poussée
par des insistances policières : « Ils viennent tous les
matins alors que les enfants sont encore en train de dormir, et nous
disent de partir », s’indigne Miraella qui a trois
petits, dont deux collégiens scolarisés dans le quartier. « Je
leur ai dit que mes enfants allaient à l’école, mais ils m’ont
répondu qu’ils s’en foutaient ! » s’attriste
la jeune femme. Ici, la plupart sont inscrits dans des établissements
scolaires proches du camp : « Il n’est pas question qu’on
les change d’écoles, mais ils vont être obligés de prendre le
tram. Le problème c’est qu’on n’a pas d’argent et aucune
allocation pour leur payer les cartes de transport »,
déplore Miraella soutenue par plusieurs autres mères du camp.
Parmi elles,
seules quelques-unes, à l’image de Samantha(2), nous avaient
confié leur intention d’attendre la venue des forces de l’ordre
dans l’espoir d’être relogé. Avec deux enfants malades dont un
nouveau-né opéré du cœur qui doit régulièrement se rendre à
l’hôpital, la jeune femme avait bon espoir. Pourtant à leur
arrivée, les policiers n’ont trouvé personne, pas même Samantha
et sa famille. Le fatalisme sans doute. Et pour cause, excepté trois
ou quatre familles logées à l’hôtel il y a quelques années
suite à de graves maladies, aucun hébergement définitif n’a été
proposé aux Roms de Montpellier.
A l’heure actuelle, l’ancienne communauté de Sanofi a été contrainte de s’éloigner de l’autre côté de la ville. Quant aux souhaits de Miraella et des autres de laisser leurs enfants dans les mêmes établissements, ils risquent à coups sûr d’être compromis.
A l’heure actuelle, l’ancienne communauté de Sanofi a été contrainte de s’éloigner de l’autre côté de la ville. Quant aux souhaits de Miraella et des autres de laisser leurs enfants dans les mêmes établissements, ils risquent à coups sûr d’être compromis.
(1) A Celleneuve.
(2) Certains prénoms ont été modifiés par soucis d’anonymat.
(2) Certains prénoms ont été modifiés par soucis d’anonymat.
Jeanne
Portal
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